jeudi 7 novembre 2013

Lorànt Deutsch face aux idiots utiles du système !

On est reparti pour un tour. Après la polémique qu'avait amorcé la sortie de son livre Métronome vendu à plus de deux millions d'exemplaires, Lorànt Deutsch, osant une Histoire de France ne se fourvoyant pas dans la repentance systématique à l'égard du passé et de son contexte, est la cible des critiques les plus débiles face aux maîtres de l'antiracisme. Maîtres de l'antiracisme qui voient dans un récit nationale une arrière pensée suprématiste fomentant les racines de l'ostracisme.

La première de couverture du nouveau livre de Lorànt Deutsch.
Lorànt Deutsch irréprochable ? Sûrement pas, l'Histoire n'est pas exclusivement de l'ordre du factuel mais également de l'interprétation. C'est ainsi que dans chaque récit historique il est impossible de retranscrire une vérité parfaite, et l'inexactitude potentielle, inhérente au récit historique et propre aux différentes interprétations que les indices historiques laissent paraître, se doit donc d'être tolérée, bien que le débat ne peut-être qu'enrichissant si bien argumenté. Pour bien comprendre cela, regardez la façon dont les magazines politiques d'aujourd'hui se contredisent sur des faits pourtant actuels et soutenus par une masse d'indices conséquente via les nouvelles technologies. La raison peut-être simplement une divergence dans l'interprétation (bien que l'instrumentalisation n'est pas une raison à exclure, surtout au vu de la collusion politico-médiatique).

Les adjectifs ayant été attribués à Lorànt Deutsch se détachent pourtant bien de cette subtilité, amalgamant un passionné de l'histoire comme un identitaire d'extrême droite nationaliste, dont la ferveur du publique qui l'accompagne représente la dangerosité du retour au pétainisme. Tous les avis ne sont pas aussi tranchés, mais disons que l'argumentaire va bien souvent dans cette direction, attaquant son récit sur la bataille de Poitiers par Charles Martel comme si Deutsch voulait réactiver des connections psychologiques dans le récit par le choix du vocabulaire, comme certains l'ont attaqué sur : "milliers de familles musulmanes venues d'Afrique du Nord" (p 224), "toute cette population qui croyait pouvoir venir s'installer sur les riches terres de Francie" (p 231) [Métronome].

Les pourfendeurs de Deutsch, qualifiant l'histoire de scientifique et donc implicitement d'irrévocable dans l'interprétation (sinon vous êtes révisionniste), se voient tout à coup trouver inapproprié un langage sous prétexte qu'il réactiverait les marqueurs idéologiques de l'extrême droite. En gros, un scientifique ne pourrait pas employer une terminologie qui serait inapproprié dans un cadre émotionnel qui est celui du ressenti, et non de celui du souci à l'exactitude, marchons sur la tête pour y voir plus clair !

Je l'ai dit, le récit historique n'est pas que de l'ordre du factuel, mais les divergences d'opinions entre historiens doivent se cantonner à l'interprétation des évènements et non dans la manière d'énoncer le récit qui doit être orienté en premier lieu par le souci de la fidélité de sa retranscription. Mais le plus intéressant dans tout ça c'est : pourquoi Lorànt Deutsch est-t-il associé à l'extrême droite ?

La réponse est simple : le seul parti politique faisant plus de 5 % à la présidentielle qui porte un regard fier sur l'histoire de France est le Front National. Vous pouvez d'ailleurs en témoigner chaque année par le biais du rassemblement traditionnel des frontistes à la mémoire de Jeanne D'Arc. Que seul le FN prête attention à l'histoire de France en dit long sur l'Etat de notre pays. Le PS ou l'UMP ne prête guère attention à l'Histoire de France, si ce n'est pour cracher dessus en nous rappelant la collaboration ou la colonisation, par le devoir de mémoire ou de repentance, on ne sait plus.

Le Front National rendant hommage à Jeanne d'Arc le 1er mai 2013.
Je rappelle donc à la classe politico-médiatique bien pensante qui nous rabâche que le FN ranime le pétainisme par son "relent nationaliste" que c'est plutôt la gauche qui a à se poser des questions.
N'oublions pas que Jules Ferry, à qui a rendu hommage François Hollande, a été l'un des plus fervents défenseurs du colonialisme sous le prétexte que "Elles [les races supérieures] ont le devoir de civiliser les races inférieures.".
Je rappelle aussi que les pleins pouvoirs accordés à Pétain ont été approuvés majoritairement par la gauche de l'époque, bien que je ne nie pas la pression des chars allemands sur le vote. Mais avant de parler de pétainisme raccordé par le nationalisme, il serait peut-être temps de se poser des questions sur le rôle de la gauche là-dedans. D'autant plus que Simon Epstein, historien incontesté sur le sujet, démontre que c'est une forte majorité d'anciens dreyfusards et antifascistes qui ont finalement participé activement à la collaboration. Les patriotes, ou même ceux qu'on traite aujourd'hui de fachos (tel que l'Action Française), attachée à la nation Française comme l'était De Gaulle ont participé activement, pour beaucoup d'entre eux, à la résistance.

Tout n'est bien sûr pas si unilatéral et la droite et la droite de la droite n'ont pas intégralement incarné la résistance tout comme la gauche n'était pas collabo dans son entièreté. Cependant il est clair qu'un De Gaulle qui incarne une figure nationale forte et qui est un homme clé de la résistance aurait aujourd'hui des positions parfois proche avec le Front National concernant l'Union Européenne ou le retour de notre souveraineté et de l'amour pour la nation. Nicolas Dupont Aignant représente à mon sens le mieux la lignée gaulliste aujourd'hui. A l'inverse, rappelons que la rafle du Vel D'hiv, tellement martelée par l'UMP et le PS sous la forme d'excuses annuelles, a été instiguée par Pierre Laval, homme de gauche. C'est donc cette multitude de faits énoncés qui sont à jeter à la face de toute cette classe médiatique de gauche qui joue l'invective face à l'histoire récitée de Lorànt Deutsch qui servirait l'extrême droite et le pétainisme, je pense notamment au Nouvel Observateur ou à Marianne. Je pense aussi à Gilles Verdez, incapable de contextualiser l'histoire à l'époque à laquelle elle renvoi, se prétendant pourtant historien et qui a profité de ses connaissances profondes pour nous sortir des bouquins sur les bleus ou ... la face cachée de Ribery ...

Lorànt Deutsch face aux invectives de Gilles Verdez lors de l'émission Touche pas à mon poste sur D8. Vidéo de l'altercation ici.
C'est donc une France fière d'elle même (qui existe aussi chez les gens de gauche bien heureusement) qui a su trouver les ressources pour combattre une phase de son histoire qui ne correspondait pas à ce qu'elle était. La fierté pour l'histoire de son pays, sans oublier de prendre part aux points sombres, est un rempart au fascisme tant que la nation ne devient pas prétexte au suprématisme. De plus, il est claire qu'une nation fière d'elle-même participe activement à l'assimilation idéologique de son immigration. Une immigration ne choisira probablement pas d'assumer une histoire constamment pleurnichée et grisée, surtout si cette immigration provient de pays fiers de leur passé comme c'est relativement le cas pour les pays du Maghreb. Qu'on ne s'étonne pas Monsieur Hollande, de par votre tendance à vous excuser de notre histoire, qu'on crache sur le drapeau français (et je ne parle pas que de l'immigration).

Il est également notable que le succès de Lorànt Deutsch est probablement dû à l'envie inassouvie d'une bonne partie de la population française de se reconnaître une identité française, qui n'est pas forcément un sujet prétexte pour démonter l'Islam. Car en effet, il est clair que le récit de l'histoire de France à la population française est un échec total de la part de l'éducation nationale. Que tous ces maîtres de la bien-pensance regardent la haine et l'ostracisme dont ils font preuve en rejetant avec hargne un récit historique qui ne leur plaît pas pour des raisons politiques, et qu'ils se demandent tous, si leur comportement n'est pas finalement proche de ce qu'ils prétendent combattre.  

mardi 5 novembre 2013

Reportage sur Sarkozy : l'impossible impartialité de D8

Vous l'avez vu et entendu, c'est D8 qui a l'exclusivité concernant un reportage sur la "campagne intime" de Sarkozy. Mais avant ça, rappelez vous de sa victoire de 2007. Sarkozy fêtait sa victoire sur un grand yacht prêté par un certain Vincent Bolloré, auquel sera donné la légion d'honneur deux ans plus tard (par Sarkozy). Un sentiment d'amitié lie de toutes évidences les deux hommes d'autant plus que d'après Nicolas Sarkozy en 2007, ils se connaissaient depuis 20 ans.

Nicolas Sarkozy à bord du Paloma, yacht de Vincent Bolloré, à la suite de sa victoire présidentielle.
Le rapport avec le reportage de D8 ? Il faut dire que D8 (anciennement Direct 8) a été initialement créé par le groupe Bolloré (appartenant donc à Vincent Bolloré) et qui donc a eu ses billes dedans. La chaîne Direct 8 a finalement été rachetée par Canal + en 2012, qui devient alors D8. Canal + est en fait une filiale de Vivendi dont le vice président n'est autre que ... Vincent Bolloré !
D8 est donc toujours et largement sous l'influence de Vincent Bolloré qui a amorcé la structure de la chaîne et qui garde un pied à terre sur Canal + par son actionnariat chez Vivendi.

Rien que cela sera bien évidemment passé sous silence dans les médias. Il faut dire que Sarkozy est pas mal aimé dans les médias puisqu'il est aussi amis avec Martin Bouygues (qui détient TF1), a placé durant son mandat Rémy Pfimlin (Responsable de France Télévision) et connait bien Serge Dassault (à qui appartient Le Figaro). La liste est loin d'être exhaustive. Bolloré lui-même n'est d'ailleurs pas dénué de toutes accointances avec le milieu médiatique puisque de fait il a sa main mise dans le groupe Canal + et en plus, il a fait son début de carrière à la Banque Rothschild. Notons qu'Edouard de Rothschild est propriétaire de Libération. 

Mais malgré tout ça, la partie visible du manque d'impartialité n'est pas totalement mis à nu. En effet, la réalisatrice de ce documentaire est Farida Khelfa, ancien mannequin tout comme Carla Bruni-Sarkozy qui se sont rencontrés par ce biais-là. D'ailleurs, pour bien montrer l'accointance des ces deux femmes (ou potiches), il est à signaler que Farida Khelfa a été témoin de mariage du couple Bruni-Sarkozy.

Carla Bruni-Sarkozy et Farida Khelfa accompagnées de Christian Lacroix.
En bref, ce reportage n'a aucune espèce de crédibilité tant il transpire la mise en scène et la subjectivité. Il nous renseigne cependant sur la volonté de Sarkozy de se créer un personnage, faussement naturel, propice à un retour en politique à l'heure où l'UMP est au bord de la crise politique. Pour gonfler sa côte de popularité, il pourra probablement compter sur Vincent Bolloré qui détient désormais l'institut de sondage CSA.