mercredi 21 mai 2014

Russie-USA, la nouvelle guerre froide où la France a tout à perdre !


Taille originale ici.
Les objectifs de cet article sont simples :
- Montrer les réels enjeux de la nouvelle guerre froide Russie-USA (qui risque réellement de se réchauffer).
- Montrer que la France sert de caniche aux américains.
- Montrer que les médias français ont réellement amorcé une campagne de propagande.
- Montrer que la Russie n'est pas totalement dans ses torts, bien qu'elle aspire à devenir une nouvelle hégémonie.
- Donner un aperçu accessible et concret de la situation géopolitique actuelle.

À l'heure actuelle, le sport médiatique national est à la vindicte obsessionnelle sur le comportement de la Russie. Un sport que pratique beaucoup Canal+, notamment par le biais des JO de Sotchi puis des évènements en Ukraine. Et il est vrai que la Russie a la forme : préservation de ses intérêts du côté syrien, dette nationale quasi inexistante, croissance très forte et un pouvoir étatique fort.

Poutine travaillant son image d'homme fort.

De l'autre côté, les USA avec une dette à plus de 100 % du PIB, un dollar dont la confiance ne tient qu'au pétrodollar (qui est le devoir de payer le pétrole en dollar, obligeant les pays à avoir du dollar en monnaie de réserves) et un pouvoir géopolitique qui ne tient qu'à la terreur militaire, et qui a pris un petit coup au nez depuis la stratégie de Poutine en Syrie. Dans ce contexte, l'Union Européenne sert d'allié aux États-Unis, en chapeautant les politiques nationales des différents pays membres, notamment dans les pays d'Europe de l'Est, en échange de subventions à la charge de pays plus riches qui eux ont su s'aligner par le biais d'un travail lobbyiste américain important en amont.

C'est dans ce travail commencé depuis des décennies que débarque la Russie de Poutine comme une épine dans le pied qui pourrait provoquer la gangrène. Du côté français, Depardieu partant faire la bise à Poutine est lynché sur place publique quand Yannick Noah, parti (ne pas) payer ses impôts aux États-Unis peut venir s'asseoir nous donner des leçons de politiques sous forme de clip promotionnel pour bobos. Vous comprendrez d'instinct quels intérêts ont les groupes de presse français, habitués de ce qu'ils appellent le "Russia Bashing", dont l'anglicisme montre intrinsèquement pour qui le travail de sape est réalisé.

Les Etats-Unis, dont la force est celle de provoquer faiblesse chez autrui, rencontre un problème épineux en découvrant un adversaire de plus en plus imposant. Ses seules armes sont, pour l'instant, la guerre économique et médiatique (l'aspect militaire est bien présent de manière indirect dans des pays pas encore dominés, mais il n'est pas encore question de l'utiliser à l'encontre de la Russie). Une guerre qui se cristallise en Ukraine (et qui pourrait se poursuivre en Bulgarie), où le rôle inavoué de l'Union Européenne était d'enrôler l'Ukraine dans le jeu américain et dont les pressions et les appuis financiers et logistiques (armement d'extrémistes) ont permis de destituer un président en exercice qui semblait s'apprêter à choisir la Russie plutôt que l'UE ! Sacrilège !

Blog de l'artiste ici.
 
Dans une guerre hégémonique où les USA sont à la frontière russe, il est logique que Moscou tente de tirer son épingle du jeu en décrétant des référendums suite à la destitution du président Ukrainien. En réalité, Poutine n'a transgressé aucune règle internationale en proposant cela puisque l’État ukrainien légitime n'existait plus, d'autant qu'il le fait dans des régions historiquement attachées à la Russie.

N'oublions pas qu'en pleine guerre froide, lorsque l'URSS fournissait des armes à Cuba, tout prêt de la frontière états-unienne, De Gaulle a été le premier a offrir les services de la France pour fournir aux américains des informations sur l'implantation des missiles soviétiques. Tout en ayant une politique offensive à l'égard des américains sur d'autres nombreux points. Une position neutre et indépendante qui je crois, est la politique la plus juste, et qui donc aujourd'hui devrait être de dénoncer les entreprises de déstabilisations occidentales (comme par exemple la présence de mercenaires américains en Ukraine) et de comprendre la position Russe de protéger sa frontière dans un contexte de tension militaire qui s'accroit petit à petit.

Il est en réalité très facile de démontrer le manque cruel d'objectivité médiatique sur la Russie de Poutine par quelques faits :

- Le silence de mort des médias français sur le massacre d'Odessa, ou des dizaines de personnes pro-russes sont morts calcinés en tentant de se protéger de séparatistes dans la Maison des Syndicats. Ces derniers y ont mis le feu sous l’œil des forces de l'ordre. Imaginons le cas inverse, et c'est la une du JT de Claire Chazal et un discours de 30 minutes de John Kerry.

- Le cas Snowden déjà aux oubliettes. Les médias sont déjà passés à autre chose et parle de traité transatlantique (dans une optique de conservation hégémonique américaine d'ailleurs) sans aucune référence au cas Snowden. On notera que la France s'est particulièrement illustrée dans sa médiocrité en n'offrant aucun recours à Edward Snowden, voir pire en étant allié des américains pour quelque chose qui la concerne pourtant directement (les français ont-ils encore un État ?), en refusant à Evo Morales de Survoler la France suite à son voyage en Russie. On retrouve ici le rôle déstabilisateur de la Russie. On se souviendra par ailleurs de l'indignation de l'UMP dans les écoutes sur Nicolas Sarkozy et de son relatif calme quand il s'agissait de la totalité de la France !

- La tendance médiatique à compter les antisémites potentiels s'est bizarrement envolée quand il s'agissait de compter ceux du nouveau gouvernement ukrainien, constitué du parti Svoboda, ouvertement antisémite et dont les méthodes totalitaires sont totalement discernables dans une vidéo révélatrice que vous n'avez probablement pas eu l'occasion de voir à la télévision :


- Le silence médiatique au sujet de la coupure du canal de l'Ukraine à l'entrée de la Crimée, empêchant la principale source d’approvisionnement d'eau de la Crimée et engrangeant donc des conséquences économiques directes par des pertes agricoles massives.
- Le diable se cache dans le détail. Vous vous souvenez des médias montrant la Russie dans un tournant homophobe (en interdisant simplement la propagande homosexuelle dans les lieux publiques et l'adoption à des couples homosexuels). Une image de marque que la Russie ne veut pas porter et qui a tenté de s'en détacher en faisant chanter le groupe t.A.T.u., composé de deux femmes lesbiennes, au tout début de la cérémonie d'ouverture. Vous ne l'avez pas vu ? Normal, les télévisions françaises ont décidé de retranscrire la cérémonie en direct, mais juste après cette performance ! Vous comprenez, ça aurait perturbé nos petits esprits conditionnés.

Le groupe lesbien t.A.T.u, à l'ouverture de cérémonie des JO de Sotchi. On notera que Valentina Terechkova, la première femme à avoir été dans l'espace, était également présente, probablement pour contre-carrer les relents "féministes" et rappeler la grandeur de l'ex-URSS.

Aujourd'hui, les États-Unis ont érigé quelques sanctions financières et menacent d'un renchérissement qui peut mal tourner si la Russie arrête d'alimenter l'occident en gaz et pétrole. Les clients de banques russes doivent désormais se passer de Visa et Mastercard, ce à quoi Poutine a dans la foulée réagit en entreprenant la création d'un système équivalent russe. Les chinois n'ont d'ailleurs pas attendu pour faire de même et ont même interdit Windows 8 sur les PC gouvernementaux. Afin de décrédibiliser l'économie russe, les USA peuvent compter sur les trois agences de notation de références (toutes les trois américaines) en abaissant ou menaçant d'abaisser (ici et ici) la note de la Russie (ou de sociétés et banques russes, comme le prévoit Fitch et l'a fait Standard and Poor's), tout en conservant les perspectives élogieuses au niveau américain qui pourtant pâtirait comme tout le monde d'une crise en Russie.

Dans une économie occidentale complètement globalisée et dépendante du monde entier, l'économie russe parait beaucoup plus solide à un dérapage économique avec une indépendance énergétique et une mentalité étatique forte, ainsi qu'une histoire commune difficile. En prime, la Russie détient une monnaie de réserve (l'or) qui s'accroit tous les jours, comme pour son voisin chinois, quand les réserves américaines semblent souffrir de doute quant à leurs existences (difficulté de rapatriement de l'or allemand, pas d'audit possible à Fort Knox [le dernier remonte à 1953 !], revente manipulée des réserves d'or pour soutenir la confiance du dollar). La Russie a elle aussi des cartes à jouer, notamment en obligeant potentiellement aux autres pays de payer son pétrole et gaz en rouble (et non en dollar comme c'est une obligation), ceci donnerait immédiatement un uppercut au dollar. De la même manière la Russie a décidé de se délester de 1/5ème de sa dette américaine.

Il apparait évident que dans une période de disette, la Russie ferait preuve de plus de solidarité que dans une Union Européenne où chaque pays voudrait reprendre sa part du gâteau sans redonner les autres parts, en termes d'import/export agricole et énergétique notamment. Une Russie qui pourrait de plus s'attirer des alliés de circonstances, fatigués du diktat américain, tels que la Chine et l'Iran.

Dans un effondrement de l'équilibre géopolitique mondial, il apparaît claire que la seule carte à jouer du côté occidental se trouve sur un plan militaire. Là encore, la Russie semble avoir une position stratégique efficace, en montrant souvent ses gros bras par le biais de tests concluants de la nouvelle technologie militaire russe. La Russie a d'ailleurs prévu des exercices militaires conjoints avec la Chine pour 2015, bien que Poutine assure stratégiquement ne pas avoir besoin d'une alliance militaire avec la Chine.

Au delà de ce jeu d'intimidation pouvant dégénérer en crise économique, il est à noter que Poutine cherche à faire de la Russie une nouvelle place de leader mondiale par le biais d'un astucieux jeu de communication et de choix politiques. Il n'est sûrement pas du fait du hasard que le nouveau procureur de la Crimée est une jeune femme nommée Natalia Poklonskaya, dont la beauté envoutante et la douceur dans la voix permet un coup de com médiatique flagrant (bien que nos médias n'en parlent pas) afin d'attiser la sympathie et de trancher avec l'image dure et virile de la Russie. Elle est d'ailleurs déjà l'héroïne d'un manga japonais et semble avoir une certaine notoriété en Asie. Aujourd'hui quelques photos élégantes privées de la jeune femme sont disponibles, après un soit-disant vol par les journalistes. Ma conviction est que c'est le gouvernement russe qui a promotionné ces photos, toujours dans l'optique du coup de com.

Natalia Poklonskaya, procureur de Crimée, dont la beauté hors pair n'est probablement pas dû au hasard.

Dans un style un peu différent, il est amusant de voir le clip officiel (voir ci dessous) des Jeux de Sotchi dans le contexte sociétal actuel de l'occident. En effet, ce clip traite du rôle essentiel de la mère dans les embûches de la vie ainsi que dans les exploits sportifs. Ceci même à l'heure où l'occident fait de son mieux pour amoindrir le rôle éducatif des parents (voir mon article sur le processus de destruction de la famille). De même que lorsque l'occident tend à légaliser le mariage homo, la Russie adopte une loi bannissant la propagande homosexuelle sur son territoire. De même que lorsqu'un transsexuel avec des seins, un pénis et une barbe gagne l'Eurovision, la Russie s'empresse de vouloir créer son propre eurovision. La Russie se défend en fait ici de la nouvelle idéologie progressiste émergente en se portant garant d'un ordre social plus traditionnel, susceptible de séduire de nombreux pays.


 
 
Nous sommes donc bien plus loin que dans une simple divergence de point de vue entre la Russie et l'occident sur l'Ukraine. Mais dans une guerre d'hégémonies où la Russie ne peut faire face qu'en adoptant une posture intelligente et idéologiquement stable. Il ne serait probablement pas étonnant d'ailleurs que la Russie gagne à promotionner la valeur nationale des États européens afin qu'ils retrouvent l'âme de l'indépendance. Si un eurovision version russe voyait le jour, je parierais qu'une close obligerait les pays à chanter dans leur langue nationale afin de contrer cet anglicisme généralisé.

En ayant compris tout cela, il apparait clair qu'une économie mondiale en berne ajouterait l'urgence d'une guerre du côté américain, afin de tenter de conserver son suprématisme par un plan militaire quand sa stratégie économique ne tient plus ses promesses. De mon point de vue de citoyen français, je vois la prise d'information et la prise de recul comme une manière de ne pas tomber dans le piège de la guerre que toute la classe politico-médiatique française (ou presque) nous tend et dont le gouvernement français apparait réellement comme un suiveur paradoxalement au front, et dont certaines têtes illégitimes trouvent une place dans le jeu politique.

Les deux candidats potentiels ukrainiens de l'époque, ainsi que François Hollande, président de la république et BHL, ministre des affaires etr ... heu ... philosophe milliardaire.
La Russie peut compter sur un média de poids, Russia Today, qui transmet des infos en anglais contrastantes avec les autres acteurs clés de l'information anglo-saxonne, et qui se constitue un large publique au sein même des États-Unis. Une guerre de l'information, une guerre économique et une guerre de reconnaissance idéologique qui sont en fait probablement les prémices d'une guerre militaire. La logique et la prise d'information sont les clés à acquérir pour comprendre véritablement la situation. En tous les cas, une "démocratie" où le président est à 18% d'opinions favorables, et une "dictature" présidée par un homme à plus de 80 %, ça a de quoi déstabiliser !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire