jeudi 17 octobre 2013

Comment Dechavanne et Lagaf' vous poussent à être de "bons" consommateurs stéréotypés ... tous les soirs.


Tous les soirs du lundi au vendredi on a droit à ce duo télévisuel, Une Famille en Or suivie du Juste Prix, habituant respectivement le téléspectateur au conformisme et au consumérisme qui, associés, forment les ingrédients du parfait consommateur.

Dechavanne, garant du conformisme

Petit détail visible intéressant : le chien de Dechavanne, un petit Jack Russel, chien à la mode en ce moment et que tout le monde veut. Dans une émission où l'objectif est de répondre comme tout le monde (le "panel" étant sensé être représentatif de la population), ce n'est probablement pas un hasard si ce chien se promène à sa guise dans l'émission. Une Famille en Or se base sur un principe réellement discutable qui repose sur le fait que les meilleures réponses sont celles qui sont les plus énoncées par le panel, la meilleure réponse étant d'ailleurs appelée "Top Réponse". Le conformisme est donc littéralement traduit en récompense.
Notez que la notion de "famille" n'a rien d'indispensable puisque deux équipes constituées d'inconnus pourraient eux aussi jouer. La "famille" sert en fait ici de prétexte intergénérationnel pourvu d'une relation (familiale) pré-établie, permettant au téléspectateur de s'identifier aux candidats qui lui semblent le plus proche de sa situation (le grand frère, la belle-mère etc ...).


Lagaf', garant du consumérisme


Quelques minutes après Dechavanne, après la page de pub qui vous montre des produits destinés à la consommation de masse (consommation conformiste), une ribambelle de bimbos sert d'accessoire à la présentation d'autres accessoires. Mais cette fois, l'objectif n'est pas d'être consensuel, mais de donner le bon prix de ces objets. Donner le bon prix (ou le prix le plus proche) vous donne droit à obtenir l'objet. 

Notez que l'effet est pervers car la mécanique de la surestimation du prix par effet psychologique est possible, ce qui fait croire au spectateur que les objets en question ne sont pas chers. En effet, le candidat, attiré par le dû, aura tendance à surestimer le prix du produit dans l'optique du gain de ce produit, un peu comme vous surestimez vos chances de gagner au loto en y jouant, ou quand vous surestimez le score de votre équipe de foot favorite lors d'un pari. L'optimisme vous fait perdre un peu de rationnel pour laisser place au fantasme. L'effet étant réel sur tous les candidats, il est clair qu'au vu de tous ces participants donnant un prix trop élevé, le téléspectateur pourra se dire "Ah c'est tout ? C'est pas cher en fait". Car oui, ne nous leurrons pas, bien que les marques des produits sont cachées, ces derniers sont généralement reconnaissables et lors d'une visite dans votre supermarché, votre inconscient saura de toutes façons faire le lien entre la forme d'un shampoing ou des couleurs d'un paquet de gâteau qu'il a vu à la télé pour créer en vous un lien de complicité instinctif.

Les "gafettes" faisant office de pots de fleurs de l'émission, promotionnant la journée de la femme. (Image empruntée ici)

Dechavanne + Lagaf' = Le "bon" consommateur

L'un vous récompensant à être conformiste, l'autre à vous attacher aux produits de par leurs valeurs monétaires, le tout entrecoupé de pages de pub, l'objectif semble clair : faire de vous un consommateur qui prône les produits de grande consommation. Acheter un produit local que peu de monde achète ... si vous avez vu Dechavanne, la "top réponse" se trouvera sûrement pas là. Bien sûr, quand le cerveau est conscient de cette mécanique, on peut vite croire à l’exagération du processus. Mais lorsque les réflexes cognitifs sont façonnés de cette manière, sans remise en question, le cerveau se façonne d'une manière idéale pour les multinationales et les grandes enseignes. 

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