vendredi 25 octobre 2013

Taxes : Hypocrisie médiatique dans l'art de la tonte et du timing !

Jeudi 24 octobre, la cloche a sonné, les médias annoncent la validation de trois taxes :
- Taxe de 75 % pour les entreprises concernés par le versement de salaire(s) de plus de 1 millions d'euros
- Rehaussement à effet rétroactif des taxes sur les  placements épargnes de type PEA, PEL et certaines assurances vie.


La taxe qui crève l'écran : celle de 75 % via un doux cabaret où nombreux investisseurs de club de foot sont montés au créneau en ce 24 octobre. Oui sauf que l'adoption de cette taxe date du ... vendredi 18 octobre 2013. Une info qui a été relayée dans la presse de manière assez marginale et qui sursaute aujourd'hui. Car oui, cette taxe fait du bruit aujourd'hui car les grands actionnaires du football français se sont manifestés d'un coup d'un seul, tous ensemble comme une équipe de football, 5 jours après l'adoption de cette taxe, pourquoi donc ?

Serions-nous en présence d'une sorte de détournement ? Car en effet, une taxe semblerait en cacher une autre, voire deux. Mais la plus importante d'entre elles n'est sûrement cette taxe de 75 % qui fait un brouhaha médiatique sans nom, profitant de l'impopularité du football français à l'égard des français pour monopoliser l'attention sur une action polémique qui est la grève des clubs de foot pour le 30 novembre. Pourtant, cette taxe prévoit de taxer les clubs "à 75 %" plafonné à 5 % du chiffre d'affaire des clubs. Les clubs en déficit ne semblent donc pas concernés par cette mesure. L'intitulé de la taxe 75 % perd vite de son rayonnement quand il est spécifié qu'elle agit sans excéder une ponction supérieure aux 5 % de chiffres d'affaires. D'autant plus que l'impopularité du foot en France est en grande partie dû aux salaires mirobolants de certains joueurs qui ne sont pour le coup, pas concernés directement. Il semble en plus assez facile de déjouer cette loi puisque, dans une économie mondialisée et une loi qui ne s'applique qu'en France, il est très facile de payer un joueur par une filiale située à l'étranger et qui de facto échappe à la réglementation française, surtout quand certains investisseurs viennent de l'étranger (Qatar par exemple).

Le PSG serait censé payer 45 millions d'euros sans le plafonnement à 5 %; Seuls 20 millions pourraient l'être.
Les médias agitent donc toute cette affaire comme un chiffon rouge, en s'empressant de relayer les phrases chocs des différents gérants de clubs insurgés (alors qu'ils étaient tous silencieux pendant 5 jours) accaparant l'attention médiatique, tout cela dans un timing parfait. Puisqu'en effet, l'approche médiatique logique aurait été de porter l'attention sur le rehaussement de la taxe à 15,5 % sur les gains de placement de type PEA et PEL et certains contrats d'assurances vie, mais surtout de leur effet rétroactif !
Car oui, le rehaussement de cette taxe n'a rien de nouveau, elle a été réalisé de nombreuses fois déjà, ce qui est nouveau c'est son effet rétroactif à savoir que les gains engrangés depuis 1997 seront tous taxés à 15,5 %. Pour vous donner une clé de cette notion de rétroactivité, imaginons qu'on vous ait donné 10 000 euros en 2003 et qu'une taxe vous ait prélevé 10 % de cette somme soit 1000 euros. On décide ensuite en 2013 (soit 10 ans plus tard) de rehausser cette taxe à 15 %, mais vu que vous l'avez payés il y a 10 ans, vous vous dites que vous êtes tranquille : erreur, par le biais d'un effet rétroactif on vous demandera de payer les 5 % de plus soit 500 euros. Bien sûr, mon exemple ne tient pas compte de toute les subtilités que présente le projet de loi en question, il n'a pour unique but de pointer l'injustice de l'effet rétroactif qui n'est mentionné dans les médias qu'en second lieu, sans annoncer les réels enjeux.

En effet, symboliquement, toucher à une réglementation qui était en vigueur précédemment est signe d'une forme de surplace politique. On cherche en quelque sorte à changer le passé pour faire face à l'avenir, plutôt que de chercher des mesures portés sur le moment présent. Mais cet effet rétroactif est aussi l'ouverture d'une porte, c'est le premier pas dans une procédure qui pourrait être courante car on le sait tous, ce n'est pas la dernière taxe. D'ailleurs, que cette taxe ne touche qu'une partie de l'épargne est un fait qui va pouvoir être trituré dans l'opinion pour vous faire croire logique qu'une telle taxe devrait toucher toutes les épargnes et pas une seule en particulière (ben oui après tout, qu'est-ce qui justifie une taxe uniquement sur certains placements ?). A l'heure où le FMI dit voir une solution dans la taxation de 10 % de l'épargne européenne de tous les ménages, la direction semble être toute tracée. D'autant plus que le FMI joue une place incontournable dans la gestion politique des pays les plus en difficultés de la zone euro, à savoir la Grèce, le Portugal mais aussi ... Chypre qui s'est vu "offrir" un plan de sauvetage de 10 milliards d'euro par le FMI et l'UE en échange d'une taxe sur les dépôts bancaires. 

Image empruntée à http://www.leblogfinance.com

Tout ceci s'enchaîne donc dans une chorégraphie sur mesure, sur le devant de la scène mais aussi dans les coulisses. Et pour le clou du spectacle, parlons tout de même de la dernière taxe sur les boissons de type Redbull. Ces boissons énergisantes semblent mauvaises pour la santé, notamment pour leur concentration en Taurine (mis en avant pour leurs effets stimulants mais non prouvés à ce jour). Ces boissons sont ainsi déconseillés aux ados, enfants, et femmes enceintes. Sachez tout de même que la taurine est présente dans le lait commercialisé pour bébé, la taurine étant présente en concentration considérable dans le lait maternel, il faut le dire. À mon sens, il n'est pas idiot de penser que la nocivité de ces boissons est étouffée par certains lobbys, et je ne serais pas étonné que la taurine soit responsable de l'effet addictif de ces boissons. D'autant plus que cette taxe soulève un autre problème, étant donné que la taurine avait été remplacée par de l'arginine pour son caractère suspicieux puis finalement remis dans les ingrédients, "faute de nocivité prouvée". Cette taxe sur les boissons se trouve donc en étreinte entre deux discours, celui de taxer pour dissuader la consommation d'une boisson pouvant être dangereuse, alors que les mesures qui visaient à prévenir les risques de cette dangerosité ont été jetées aux oubliettes faute de preuves.

Cette taxe n'est donc qu'un prétexte venu d'une nécessité à accaparer l'argent pour l'Etat, dissimulée sous une apparence altruiste et bien pensante. On se remémorera aussi de la taxe sur la bière l'année dernière ainsi qu'une taxe sur les boissons énergisantes la même année (cette fois englobant les sodas de types Fanta ou Coca) qui étaient habillés du même déguisement : "On vous ponctionne mais c'est pour votre bien". Une taxe sur le vin fait d'ailleurs actuellement quelques remous, alors qu'on nous bassine qu'un verre de vin est bon pour la santé. Dans cette optique, il serait dans la même trame de taxer le sucre, le beurre, l'huile ou le sel qui sont "mauvais" pour la santé en quantité trop importante. Dans tous les cas, il est sûr que la sauce à laquelle nous allons être mangés ne sera pas allégée.

Notons pour conclure que la seule taxe qui n'a pas été approuvée par l'Assemblée Nationale ces derniers temps a été sur le trading haute fréquence, concernant les manœuvres de spéculation intraday. Cette taxe (0,2%) aurait été mise en place sur les transactions intraday, qui se caractérise par un achat d'un produit puis de sa revente le même jour, avec à la clé une potentielle plus value. En gros, il s'agit de spéculation sans intérêt pour la capitalisation boursière d'un titre puisque le capital engrangé est éphémère, en plus de destabiliser le cours de l'action. Mais le ministre de l'économie a réussi à faire capoter ça, sous prétexte que le volume des transactions en prendrait un coup (ce qui est vrai), défavorisant l'attractivité de la bourse de Paris (ce qui est vrai aussi).
Ce qu'on oublis de nous dire c'est que les gens qui sont attirés par une place boursière avec de forts volumes de transactions ce sont : les spéculateurs à courte durée. En gros la place est attractive mais on va aussi bien acheter que vendre pour faire des plus values. En gros, taxer l'intraday rendrait la place de Paris moins attractive mais pas moins volumineuse en terme de capitalisation totale, ce qui pour l'Etat devrait être la seule constante intéressante. Le volume de la capitalisation boursière étant la seule constante intervenant dans le financement de l'activité économique. Merci aux médias de ne pas nous le faire remarquer.

La main mise de la finance sur nos élus (appelés accessoirement représentants du peuple) semblent avoir bien plus d'impact que l'opinion publique, à se demander par qui ces derniers sont réellement élus.

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